vendredi 15 septembre 2017

"Coup de Trafalgar" contre le Dollar



Selon le site WhatDoesItMean, lors du sommet du BRICS 2017 la semaine dernière en Chine, les pays concernés ont décidé de lancer une frappe économique de représailles contre les États-Unis à moins que les Américains n'acceptent deux demandes: 1.) Ils stabilisent immédiatement l'effondrement du dollar américain. 2.) Ils font un effort soutenu et concentré pour maintenir la limite de leur dette nationale inférieure à 20 billions (20 mille milliards) de dollars.

Plutôt que d'accéder à ces demandes, le président Donald Trump s'est plutôt associé au parti démocrate pour "augmenter" la limite d'endettement de l'Amérique.
En quelques heures, la dette nationale de l'Amérique franchissait la "ligne rouge" historique de 20 billions de dollars, ce qui accélèra la chute de la valeur du dollar américain depuis la signature de l'accord Plaza, et provoqua le pire plongeon du dollar américain depuis la signature de l'accord Plaza.
L'accord Plaza, est l'accord de 1985 entre les gouvernements des États-Unis, de la France, de l'Allemagne de l'Ouest, du Japon et du Royaume-Uni, pour déprécier le dollar américain par rapport au yen japonais et au Deutsche Mark allemand en intervenant délibérément sur les marchés mondiaux de l'argent afin de manipuler la vraie valeur  de ces monnaies. Cela a été commis en violation flagrante de l'accord de Bretton Woods de 1947 qui exigeait que toutes les devises soient liées au prix de l'or, avec le dollar américain étant placé comme la seule monnaie de réserve à utiliser dans toutes les transactions internationales.
Pire encore, lorsqu'il est combiné avec le "Choc Nixon " de 1971 (lorsque le président Richard Nixon a annoncé abruptement que les États-Unis ne paieraient plus longtemps leurs dettes internationales en or), l'Accord Plaza a solidifié ce qu'on appelle le "système pétrodollar" et cela exigeait qu'aucune nation sur Terre ne puisse acheter du pétrole ou du gaz naturel, à moins qu'elle ne les paye avec des dollars américains. L'intrigue diabolique de ce système était, qu’en fait, on accorde une subvention, en termes réels, aux pays importateurs de pétrole comme les États-Unis, l'Allemagne, la France et le Japon.
Donc, chaque pays qui importe du pétrole ou du gaz naturel doit acheter des dollars américains pour survivre. Les États-Unis, depuis près de quatre décennies, ont pu utiliser ce vaste programme de création d'argent pour construire la plus grande force militaire du monde afin de maintenir leur système pétrodollar en vigueur. Mais ce système a tellement déformé la réalité économique rationnelle que ses statistiques dystopiques stupéfient l'esprit lorsque l’on  essaye de les comprendre.
-     Une dette globale de 230 billions de dollars, qui ne peut jamais être remboursée, ni financée ;
-     Un passif global non financé de 250 billions de dollars, qui ne sera jamais honoré ;
-   Des bilans des banques centrales dépassent les 20 billions de dollars, parce qu'elles sont toutes insolvables
-     Des USA insolvables, et seulement soutenus par le pouvoir militaire
-    La plupart des pays industrialisés et émergents survivent uniquement en imprimant de l'argent de nulle part - ce qui est intenable
-    Des taux d'intérêt égaux  ou inférieurs à zéro dans 20 pays alignés sur les États-Unis ;  ce qui est insoutenable
-      Un système de billets d'argent, dont toutes les monnaies s’orientent vers  zéro.
Un «coup de mort final» pour l’Amérique est donc immédiatement nécessaire, afin de sauver notre monde d'un effondrement économique total, dont le contour commencera à prendre forme  le 18 octobre, lorsque la Chine tiendra le Congrès quinquennal de son Parti communiste  - et durant lequel la Chine (le plus grand importateur de pétrole au monde) lancera ses contrats d’achat de pétrole brut libellés en Yuan chinois convertibles en or, permettant aux exportateurs de pétrole de contourner pour toujours le «système pétrodollar».
Avec la décision de la Chine et le retour du monde aux Accords de Bretton Woods de 1947  où l'or et l'or seulement est utilisé pour régler les dettes internationales et pour le paiement du pétrole et du gaz naturel, le secrétaire du Trésor américain, Steven Mnuchin s’est  précipité vers le dépôt principal d'or des États-Unis à Fort Knox (Kentucky) pour examiner son contenu, et c'était la première fois depuis 1948 qu'un secrétaire du Trésor américain le fait.
Ainsi, le président Trump a ordonné, pour la première fois en 69 ans, de vérifier que l'or de l’Amérique est vraiment là, parce que, depuis plusieurs années, les rapports d’audit annuel de Fort Knox, mandatés par la loi américaine, disparaissent mystérieusement.
De nombreux experts estiment qu’en réalité, cet or a été secrètement vendu au milieu des années 1970,  suite au " Choc Nixon ", solidifiant ainsi le" système pétrodollar".
Si les réserves d'or des États-Unis ont vraiment disparu, l’économie de ce pays s'effondrera immédiatement car il ne sera pas en mesure d'acheter la monnaie chinoise dont il aurait besoin pour acheter le pétrole sur le marché international. Ce pays ne pourra pas non plus exploiter ses propres réserves de pétrole, car presque toutes les sociétés américaines d'énergie cotées en bourse dépensent actuellement 75% de leurs flux de trésorerie opérationnelle pour payer les intérêts sur la dette qu'elles doivent.
Bien sûr, les États-Unis pourraient continuer leur  "système pétrodollar" avec l'Arabie saoudite seule. Mais cela  semble peu probable car les réserves de change de cette nation ont maintenant plongé au-dessous du niveau critique de 500 milliards de dollars et s'établissent actuellement à 494 milliards de dollars, et l’Arabie  négocie ouvertement avec la Chine pour remplacer le dollar américain.
Les États-Unis savent donc que leur «système pétrodollar» est en voie d'effondrement total, leur incapacité à payer avec de l'or pour le pétrole dont ils ont besoin avant que leur économie ne s'effondre, combinée à la faillite de leurs propres producteurs nationaux d'hydrocarbures, montrent clairement que l'Amérique est maintenant dans les «affres de la mort», et la seule option qui lui reste pour survivre, c’est la guerre.

Le Venezuela a  arrêté officiellement d'accepter des dollars pour les paiements de pétrole
En prenant rapidement le parti de l’énorme défi sino-russe au pétrodollar [voir "Coup de Trafalgar" contre le Dollar], la décision du Venezuela est très importante. William Engdahl  l'un des meilleurs experts sur ce sujet dans le monde a publié à ce sujet un excellent article à ce sujet.
Est-ce que l'horloge du jour du jugement dernier pour le pétrodollar (et implicitement l'hégémonie des États-Unis) a sonné la dernière minute avant minuit?
Apparemment, confirmant ce que le président Maduro avait prévenu, suite aux récentes sanctions américaines, The Wall Street Journal rapporte , le Venezuela a officiellement cessé d'accepter le dollar américain comme paiement pour ses exportations de pétrole brut.
Et, effectivement, que voyons-nous ?

Un vaste arc de tensions et conflits s’étend de l’Asie orientale à l’Asie centrale, du Moyen-Orient à l’Europe, de l’Afrique à l’Amérique latine. Les “points chauds” le long de cet arc intercontinental -Péninsule coréenne, Mer de Chine Méridionale, Afghanistan, Syrie, Irak, Iran, Ukraine, Libye, Venezuela et autres- ont des histoires et des caractéristiques géopolitiques différentes, mais en même temps sont reliés à un unique facteur : la stratégie de  “l’empire américain d’Occident”.
Perdant du terrain sur le plan économique, les USA jettent sur le plateau de la balance l’épée de leur force militaire et de leur influence politique. La pression militaire USA en Mer de Chine Méridionale et dans la péninsule coréenne, les guerres USA/Otan en Afghanistan, Moyen-Orient et Afrique, le coup d’épaule USA/Otan en Ukraine et la confrontation consécutive avec la Russie, entrent dans la même stratégie de confrontation mondiale contre le partenariat russo-chinois, qui n’est pas seulement économique mais géopolitique. Y entre aussi le plan de miner les Brics de l’intérieur, en ramenant les droites au pouvoir au Brésil et dans toute l’Amérique latine. C’est ce que confirme le commandant du U.S. Southern Command, Kurt Tidd, qui prépare contre le Venezuela l’“option militaire” brandie par Trump : dans une audition au sénat, il accuse la Russie et la Chine d’exercer une “influence maligne” en Amérique latine, pour faire avancer là aussi “leur vision d’un ordre international alternatif”. Le Venezuela détient les plus grandes réserves mondiales de pétrole.


Les cinq pays disposant des plus importantes réserves prouvées de pétrole au monde à fin 2015 sont :

·     le Venezuela avec 300,9 milliards de barils de pétrole, soit 17,7% des réserves prouvées mondiales ;

·         l’Arabie saoudite avec 266,6 milliards de barils (15,7%) ;

·         le Canada avec 172,2 milliards de barils (10,1%) ;

·         l’Iran avec 157,8 milliards de barils (9,3%) ;

·         l’Irak avec 143,1 milliards de barils (8,4%).

Ayant "en poche" l'Arabie et le Canada, ayant occupé l'Irak par la force, les États-Unis veulent évidemment mettre la main sur le Venezuela et l'Iran. 

Hannibal GENSERIC