mardi 28 juillet 2015

Poutine : «Pour discuter des affaires européennes, il faut aller aux Etats-Unis»



Dans une interview à la chaîne suisse RTS, Vladimir Poutine a une nouvelle fois appelé les pays européens à montrer plus d’indépendance par rapport aux États-Unis.


Préambule
Lorsque j'étais enfant, il existait encore, à l'école primaire, une matière joliment appelée Leçons de choses. Cette discipline, ouverte à l'imagination, au parfum de poésie, parlait de choses simples de la vie, des abeilles et des moissons, des sciences naturelles, de l'eau qui bout et qui gèle, de baromètres, d'hygromètres, de nuages, de dinosaures et autres mystères d'adultes, évidents pour un enfant, des effets et des causes des phénomènes, de la logique et de ses conséquences, etc. en somme le b.a-ba d'une tenue digne du monde d'alors, dans ce monde là.
C'était l'époque où il y avait encore des écrevisses dans nos ruisseaux et des lance-pierres dans nos besaces de gosses. Où l'on apprenait à l'école primaire ce qu'est un PPCM ou un PGCD. Il semblerait qu'il faille, aujourd'hui, attendre d'être en troisième, au collège, pour goûter à ces friandises, alors que d'autres appâts, moins revêches, sont déjà à nos mains.
Progrès, quand tu nous tiens !
En écoutant parler Poutine, j'ai le sentiment de revenir à ces temps simples où les mots enveloppaient harmonieusement les choses, sans entourloupe. 
Retour vers un futur espéré : écoutez une leçon de choses de Poutine, une de plus.


Question : Une nouvelle guerre en Europe est-elle possible ?
Vladimir Poutine, président russe (V.P.) : J’espère que non. Mais il faudrait que l’Europe manifeste davantage son indépendance et sa souveraineté et qu’elle soit capable de défendre ses intérêts internationaux, les intérêts de ses peuples et de ses pays.
…L’équilibre stratégique, c’est ce qui a garanti la paix dans le monde et n’a pas permis aux grands conflits militaires d’éclater en Europe et dans le monde entier. Et quand les États-Unis sont sortis de l’accord, ils ont dit : nous créons un système antimissile, pas contre vous, nous voulons développer notre force de frappe, faites ce que vous voulez, nous partons du principe que ce n’est pas contre vous.
Nous faisons ce que nous avons toujours dit. Le système global de défense antimissile coûte cher. Et on ne sait toujours pas aujourd’hui dans quelle mesure il est effectif. Nous développons des systèmes de frappes capables de surmonter n’importe quel système de défense antimissile. Ce que j’ai annoncé il n’y a pas longtemps est dans nos plans depuis quelques années. Cela avait été annoncé il y a longtemps.
Question : Vous avez dit que vous voudriez que l’Europe soit plus indépendante. Par exemple, en ce qui concerne l’Europe de l’époque de Gaulle, de Mitterrand. Quelle est votre attitude envers ce que se passe sur ce plan ?
V.P. : Je finis quand même la question précédente.
Toutes nos actions dans le domaine de la défense stratégique sont tout à fait conformes aux obligations internationales russes, notamment dans le cadre de l’accord avec les États-Unis sur l’armement stratégique.
Maintenant à propos de la souveraineté. L’adhésion à toute organisation politico-militaire, à un bloc politico-militaire, implique un refus volontaire à une certaine partie de sa souveraineté.
Je pense que la France est sortie de l’organisation militaire de l’Otan à l’époque afin de garder sa souveraineté dans le cadre du bloc militaire. Analyser la politique extérieure des pays européens n’est pas notre affaire. Mais convenez que si nous devons discuter des affaires européennes avec les partenaires européens à Washington, ce n’est pas intéressant.
Question : Monsieur le Président, un changement assez ironique intervient pour l’instant dans l’histoire. Les forces européennes de droite ou même d’extrême droite vous soutiennent plus que les forces de gauche. C’est par exemple, Marie Le Pen en France, l’UDC en Suisse. Qu’en pensez-vous ?
V.P. : Je pense que ce n’est pas un soutien pour ma personne mais la conscience de leur propre intérêt national , tel que ces forces politiques le conçoivent.
Dans le monde et dans les pays européens, certains mouvements tectoniques se sont produits dans la conscience collective pour protéger les intérêts nationaux. Regardez comment l’Europe fait face à un problème concret, les flux de migrants. Est-ce que l’Europe a pris des décisions qui ont finalement abouti à cette situation ? Il faut être franc et honnête : ces décisions ont été prises outre Atlantique et c’est l’Europe qui doit faire face au problème.
Question : Vous voulez dire les États-Unis ?
V. P. : Bien sûr. C’est un exemple, il y en a beaucoup. Mais cela ne signifie pas, je l’ai déjà dit, que nous devons et ce n’est pas ce que je cherche, diaboliser la politique des États-Unis. Ils mènent leur politique comme ils le jugent nécessaire pour leurs intérêts.