lundi 29 juillet 2013

Comment et pourquoi les USA sont le principal État terroriste de la planète


Il faut bien reconnaître que dans le Nouvel Ordre Impérial Mondial (NOIM) – les États-Unis sont devenus plus agressifs et ultra militarisés que jamais depuis la disparition de l’Union Soviétique. Ils projettent leur superpuissance à travers toute la planète, semant déstabilisation et dévastation dans tous les principaux théâtres d’opération au prétexte d’y apporter liberté et stabilité. Bien qu’ils n’aient rien de très novateur, ces principes réduisent les relations de pouvoir à l’affirmation ou au déni de certains droits, bien plus audacieusement que par le passé, avec pour conséquence l’émergence d’un « double standard » [politique des deux poids deux mesures] applicable littéralement partout dans le monde.
Ils dénotent l’institutionnalisation d’un système autocratique au sein duquel la justice est inopérante et dont la perversion se nimbe d’un brouillard de rhétorique et d’occultation.

1. Le droit d’agression

Les États Unis disposent d’un droit d’agression de première classe et jouissent depuis toujours de la possibilité de violer la Charte des Nations Unies, en particulier en ce qui concerne le « crime international suprême » [ndt : agression et occupation d’un pays], bien évidemment sans encourir la moindre sanction (ex : le Vietnam puis toute l’Indochine, le Panama, la Yougoslavie, l’Afghanistan, l’Irak, etc.). Étant « l’enfant chéri » des USA, Israël a toujours bénéficié du droit de faire de même, là encore, sans aucune sanction, bien sûr.
Inversement, s’agissant d’incursions imputables à des pays considérés comme ennemis des USA ou des puissances occidentales, comme l’invasion du Cambodge par le Viêt-nam, en 1979 ou de celle du Koweït par l’Irak, en 1990, l’indignation des élites occidentales est à son comble et les envahisseurs sont sévèrement sanctionnés. L’Irak, chassé du Koweït, se voyant, lui, plongé avec l’aval des Nations Unies, dans une guerre dévastatrice conduite par les USA, en prélude à treize années de sanctions drastiques ouvrant à leur tour sur l’invasion américaine de 2003.

2. Le droit de recourir au terrorisme 

Ce droit est consubstantiel à celui d’agression, dans la mesure où la frontière entre terrorisme et agression demeure floue et n’est généralement qu’une question d’échelle, dans un cas comme dans l’autre. Bien sûr, l’usage de ces deux termes demeure proscrit pour qualifier les exactions américaines en matière de bombes ou de massacres.
L’attaque « Shock and Awe » qui fut le point de départ de l’occupation de l’Irak, fut ouvertement planifiée pour terroriser civils et militaires irakiens. De même les attaques U.S. contre des villes comme Fallujah, avaient des objectifs ouvertement terroristes. Et il en va de même des attaques militaires israéliennes. Pour autant, le présupposé politique occidental selon lequel l’État d’Israël n’agit jamais qu’en « réponse » et en « représailles » contre un terrorisme qu’il se garde bien de pratiquer, demeure une constante absolue.

3. Le droit au nettoyage ethnique

Les pays occidentaux jugent le nettoyage ethnique répréhensible – et pleurent abondamment sur le sort des victimes – mais uniquement lorsqu’ils sont perpétrés par leurs ennemis déclarés, comme les Serbes de Bosnie ou le gouvernement soudanais.
En revanche, s’il était un authentique cas de nettoyage ethnique, avec en outre des implications mondiales du fait du ressentiment qu’il inspire à l’ensemble du monde arabe et plus généralement au monde musulman, c’était bien la constante expulsion des Palestiniens hors de leurs terres dans les territoires occupés de Cisjordanie et de Jérusalem Est, dans le but d’implanter de nouvelles colonies juives. Les Occidentaux n’utilisent littéralement jamais le terme de « nettoyage ethnique » dans ce cas particulier.
En dépit de la volonté sans équivoque d’Israël de nettoyer ethniquement et de spolier toutes les terres appartenant aux Palestiniens, cet objectif a toujours été présenté en Occident comme « une nécessité pour la sécurité d’Israël. » Selon le « double standard » froidement raciste des Occidentaux, les Palestiniens n’ont aucun besoin de sécurité et le fait que leurs actions ne font que répondre au terrorisme massif d’Israël et au processus de spoliation en cours est totalement occulté. C’est ça le véritable « miracle israélien. »

4. Le droit de subversion

A l’instar du droit d’agression dont jouissent les États-Unis – qui y ont eu recours bien plus fréquemment depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale – leur droit d’interférer, de subvertir [voire renverser] tout gouvernement de leur choix, reste une constante. L’intervention « contre-révolutionnaire » en Grèce (1947-1949), le renversement de Mohammad Mossadegh en Iran (1953) et de Jacobo Arbenz Guzmàn au Guatemala (1954) ne sont que quelques exemples remarquables de la manière dont s’imposa par la force l’autorité américaine, dès la première décennie qui suivit la Seconde Guerre mondiale.

5. Le droit d’imposer des sanctions

Le pouvoir hégémonique ne garantit pas seulement le droit d’agression et celui de pratiquer le terrorisme ou la subversion, il offre aussi celui d’imposer des sanctions aux pays cibles, d’en faire souffrir les populations et d’en discréditer les dirigeants, le plus souvent avec le concours de la « communauté internationale». L’Union Soviétique, Cuba, le Viêt-nam (de 1975 à 1994), le Nicaragua sous le régime sandiniste, l’Iran (depuis le renversement du Shah en 1979), la Libye ou l’Irak, l’Afghanistan sous les Talibans, etc. Tous ces pays ont été soumis à un régime de sanctions à la demande des USA. Bien sûr, il va sans dire que les USA eux-mêmes et leurs clients ne se sont jamais vu imposer aucune sanction. Le « double standard » évoqué plus haut est ici particulièrement flagrant.
Autre miracle de ce « double standard », non seulement Israël ne se voit jamais imposer aucune sanction – bien que perpétuellement en violation de la quatrième convention de Genève, et malgré les punitions collectives infligées aux Palestiniens de Gaza – mais depuis 2006, la « communauté internationale s’est même alignée sur l’axe Israélo-américain en imposant des sanction à des victimes déjà délibérément persécutées, affamées et littéralement privées de tout : les Palestiniens de Gza. A Gaza, l’état de siège a causé l’effondrement des infrastructures sanitaires et sociales, un taux de chômage de près de 50 % (selon un rapport de l’ONU) et une grave pénurie d’eau potable, d’électricité, de nourriture, de médicaments, de carburants et de nombreux autres produits de première nécessité.

6. Le droit de résister à une agression

A l’opposé, les Palestiniens de Gaza n’ont pour leur part, aux yeux de l’establishment occidental, aucun droit de résister aux attaques israéliennes, bien que celles-ci participassent d’une occupation illégale et d’un impitoyable nettoyage ethnique en cours. Dans l’idéologie occidentale, bien qu’on ne puisse parler « d’agression », les attaques des Palestiniens contre Israël constituent une forme intolérable de « terrorisme », non une résistance légitime. Elles justifient donc pleinement toutes les formes de violences qu’Israël peut bien décider d’infliger à Gaza au titre de punition collective.
De même la résistance à l’invasion/occupation U.S. de l’Irak est-elle baptisée « insurrection », comme s’il s’agissait d’un mouvement apparu dans les plus grandes capitales d’Europe et non dans un pays occupé militairement par une puissance ennemie. Et la communauté internationale de reconnaître effectivement à cet envahisseur là le droit d’écraser par n’importe quels moyens toute résistance qui pourrait lui être opposée. Ce droit de « détruire un pays pour le sauver » participe aussi bien du droit d’agression que du déni de droit de résister à une agression.

7. Le droit à l’autodéfense

Les cibles de l’hégémon ne disposent d’aucun droit à l’autodéfense. Ainsi en est-il de l’Iran, désormais sur la liste des prochaines frappes américaines. Bien que des forces américaines hostiles aient été déployées tout autour du pays et que ce dernier fasse l’objet de menaces ouvertes de la part des États-Unis et d’Israël, son droit à l’autodéfense est annulé. Sous la houlette des États-Unis, le Conseil de Sécurité a déjà renforcé par trois fois les sanctions qui pèsent sur l’Iran, en raison de son programme nucléaire, bien qu’il soit parfaitement clair que l’Iran est incapable de contrer les armes nucléaires U.S. et israéliennes avec l’armement dont il dispose. L’Iran est aujourd’hui même sous le coup d’une attaque imminente, alors qu’aucun analyste sérieux n’estime qu’il dispose de la moindre capacité nucléaire. En d’autres termes, il n’a aucun droit de se défendre.
Dans le même temps, les USA et Israël peuvent s’armer jusqu’aux dents et laisser planer la menace d’une guerre au titre de leurs impératifs de « sécurité » et de leur droit à l’autodéfense. Leurs cibles, elles, ne sauraient avoir ni droits légitimes ni impératifs de cet ordre. 8. Le droit d’acquérir des armes nucléaires
Pas question, bien sûr, d’infliger à Israël la moindre sanction, que ce soit pour son refus de signer le TNP ou pour la manière dont ce pays a, en bon « État voyou », développé son arsenal nucléaire pendant pas moins de quarante ans...

9. Le droit à voir leurs propres victimes civiles jugées dignes d’une compassion internationale.

Le monde entier s’est bien sûr indigné des attentats d’Al Qaeda du 11. 09. 2001, qui firent près de 3.000 victimes civiles aux États-Unis même. Pour autant, on évoque sans grande indignation le massacre de bien plus de 3.000 civils afghans lors de raids aériens lancés en représailles contre les attentats du 11 septembre ou celui de 127 Palestinien de Gaza, dont une majorité – parmi lesquels un grand nombre d’enfants – étaient des civils sans armes, au cours de « l’Opération Hot Winter » des Forces de Défense Israéliennes (Opération Hiver Chaud, du 27 février au 10 mars 2008). Bien sûr, il ne s’agit pas de « massacres », encore moins « d’attaques sauvages », et ces exactions se trouvent même généralement excusées d’office par l’usage de termes tels que « dommages collatéraux » ou « erreurs tragiques ».
Bien plus flagrant encore fut le cas de Madeleine Albright en 1996 – alors ambassadeur U.S. auprès des Nations Unies – lorsqu’elle convint devant les télévisions américaines que la mort d’un demi-million d’enfants de moins de cinq ans en Irak, imputables aux « sanctions de destruction de masse » étaient « worth it » [ndt : « valaient le coup », c'est-à-dire qu’ils « valaient la peine d’être sacrifiés »]. Nul ne décrivit jamais cette réflexion comme une apologie de crime de guerre ou même de « massacre ». C’est passé, dans l’Occident judéo-chrétien et civilisé, comme une lettre à la poste…

10. Le « droit d’exister » (et d’exiger de ses victimes la reconnaissance de ce « droit d’exister »)

Ce droit fut initialement invoqué comme un outil, pour renforcer la politique américano-israélienne de rejet d’un règlement négocié avec les Palestiniens, de façon à pérenniser le conflit, à empêcher le traçage de frontières définitives et à laisser aux Israéliens la possibilité de poursuivre leur annexion des territoires palestiniens. Le comble de cet outil de propagande qu’est le « droit à l’existence », réside dans son ambiguïté : S’agit-il du droit à l’existence d’Israël en tant qu’État juif ? Du droit d’être reconnu sans pour autant reconnaître le droit au retour dans leur patrie des victimes du nettoyage ethnique (les réfugiés non juifs chassés de leurs terres) ? Le bien-fondé de telles observations se voit largement confirmé par le fait que le concept de « droit à l’existence » est presque exclusivement évoqué au sujet d’Israël et non pour aucun autre État ou peuple au monde.

Note de conclusion : Droits à une démocratie consistante
ou pure foutaise ?

Ce qui sous-tend la consolidation de ces « principes d’un Nouvel Ordre Impérial Mondial », c’est le déclin planétaire de l’idée même de démocratie, les élites politiques mondiales s’étant avérées parfaitement libres de faire tout ce qui pouvait leur sembler propre à servir au mieux leurs intérêts personnels – la sainte trinité : programme néolibéral, militarisation, projection de puissance, ayant fait preuve de son omnipotence – au mépris d’une opposition massive de toutes les populations de la planète.
Ce Nouvel Ordre Impérial Mondial n’est manifestement pas prêt de disparaître de si tôt, à moins qu’il ne cause sa propre perte en allant de lui-même droit à la catastrophe – ce qui est loin d’être improbable, au vu de la trajectoire prise et parce que les choses ont l’air plutôt mal parties pour s’améliorer. Sans ça, on n’en verra probablement jamais le bout tant que l’humanité ne fera pas bloc pour cesser de se laisser mener en bateau, pour s’organiser tant sur le plan national qu’international et pour reconquérir ses droits.

L’article original, plus détaillé, se trouve sur :