mardi 24 mai 2016

Le dragon et l'ours roucoulent, l'aigle et le chameau l'ont mauvaise

La guerre froide multiforme entre l'empire maritime (OTAN-USA) et le duo continental (Russie, Chine), avec irruption régulière du Saoud barbu, ne laisse pas de passionner. Est-ce un hasard si les incidents "frontaliers" entre le Heartland sino-russe et l'empire maritime auto-proclamé se multiplient ces derniers mois ? De la Baltique à la Mer de Chine méridionale, la litanie des interceptions et contre-interceptions n'en finit plus. Escalade bien dangereuse...
 
Le mois dernier, nous écrivions :
Profitant du bas prix du baril, les Chinois sont en train d'importer à tout va et de constituer des stocks record. Plus intéressante est la composition des fournisseurs : si le Moyen-Orient reste encore en tête (44% des importations chinoises d'or noir en mars), il est en dégringolade (51% le mois précédent), tandis que le bassin atlantique (Venezuela, Brésil : 28%) et la Russie (14%) sont en forte progression. Il n'aura échappé à personne que ces derniers sont membres des BRICS ou proches du mouvement multipolaire. En terme de pays seul, la Russie est devenue de loin le premier fournisseur avec 4,6 millions de tonnes alors que l'Arabie saoudite reste scotchée à 4 millions de tonnes.
La tendance se confirme, égratignant encore un peu plus le pétrodollar. En avril, la Russie a de nouveau battu son record d'or noir exporté vers l'Empire du milieu, laissant le wahhabistan scotché dans les dunes : 4,81 millions de tonnes contre 4,12 millions.
Le grand rapprochement stratégique de ces dernières années entre Moscou et Pékin ainsi que la mise en œuvre de contrats signés depuis la fin de la décennie 2 000 commencent à porter leurs fruits. D'après tous les spécialistes, les exportations de pétrole russe vers la Chine resteront à des niveaux vertigineux ces prochaines années.
Or, derrière le va-et-vient des barils d'or noir, c'est tout l'édifice pétrodollaresque qui se fissure. La Chine paye en effet le pétrole russe en yuans sonnants et trébuchants, au grand dam de Washington. Surtout que Poutine en rajoute une couche avec l'établissement à Saint-Pétersbourg d'une bourse pétrolière en roubles, poussant encore au moulin de la dédollarisation. Aux dernières nouvelles, des compagnies chinoises sont déjà intéressées par le projet russe. Guère étonnant que l'aigle l'ait plutôt mauvaise ces temps-ci...
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heartland sino-russe + Iran

Est-ce un hasard si les incidents "frontaliers" entre le Heartland sino-russe et l'empire maritime auto-proclamé se multiplient ces derniers mois ? De la Baltique à la Mer de Chine méridionale, la litanie des interceptions et contre-interceptions n'en finit plus. Escalade bien dangereuse...
Quant au chameau wahhabite [1], il rumine le fiasco de son gambit pétrolier, encore "magnifié" par le fait que l'Iran le prend à son propre jeu. Ben Seoud s'est mis à peu près tout le monde à dos et n'en retire aucun bénéfice. Surtout, approche le jour J où Riyad devra définitivement choisir entre la protection de l'aigle (avec qui il y a déjà de l'eau dans le gaz) et les revenus du dragon. Choix cornélien que nous annoncions l'année dernière :
D'après un analyste, si l'Arabie veut reprendre sa part de marché, il faudrait qu'elle commence à songer sérieusement à accepter des paiements en yuans... c'est-à-dire mettre fin au pétrodollar.

Et là, cela risque de poser un sérieux dilemme aux Saoudiens : faire une croix sur leur prééminence pétrolière mondiale ou faire une croix sur le pétrodollar au risque de voir les Américains le prendre très mal et éventuellement fomenter un changement de régime.

http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2016/05/le-dragon-et-l-ours-roucoulent-l-aigle-et-le-chameau-l-ont-mauvaise.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail