mardi 24 mai 2016

Islam/ France: Attaques politico-médiatiques sans précédent, Pourquoi ?

Ces dernières semaines, les téléspectateurs de France et d'ailleurs ont vu et entendu des propos absolument ahurissants sur l'Islam et les musulmans de France.  Madame Laurence Rossignol, Ministre de l'Enfance, des Familles et des Droits des Femmes a comparé en Mars dernier, les femmes musulmanes revêtant le foulard à «des nègres américains qui étaient pour l’esclavage».  Manuel Valls, le Premier Ministre, affirmait il y a peu, que la «compatibilité entre Islam et République reste à démontrer» tout en stigmatisant un peu plus encore les femmes voilées en affirmant que le voile visait à «nier» la femme.  L’inévitable "philosophe tout-terrain" que les médias «bien-pensants» s’arrachent, Alain Finkelkraut (alias Alain-La-Crotte) déclarait en Février dernier que l'Islam est un danger pour le bien-vivre en France.

Ce ne sont là que quelques exemples d'une série de déclarations tous azimuts en provenance de nos élites qui inquiète et questionne.
Bruno Drewski, Maître de conférence à l'Institut National des Lagues et Civilisations Orientales, historien, politologue et Imadeddine Hamrouni, Président du Collectif Français Pour La Liberté des Peuples ont répondu à mes questions.
1/ Au vu de cette explosion islamophobe qui touche maintenant et de façon ouverte la sphère politique, ma question : Pourquoi un tel discours et surtout pourquoi maintenant ?
B. Drweski : Parce que le monde capitaliste occidental, en particulier la France, est dans une crise profonde, sociale, économique, idéologique, culturelle, et que le mécontentement est tel que les pouvoirs manipulent les amalgames, créent des peurs de substitution, divisent les couches sociales mécontentes et amarrent la France traditionnellement rebelle et méditerranéenne au bloc atlantique et pro-israélien.

Islam/ France: Attaques politico-médiatiques sans précédent, Pourquoi ?I. Hamrouni : L'islamophobie n'a pas commencé aujourd'hui, elle date depuis les années 90 du siècle dernier. Elle a pris de l'importance après les attentats de New-York en 2001. Aujourd'hui, face à la menace terroriste qui pèse en occident et après les attentats meurtriers à Paris et Bruxelles au cœur de l'Europe, les actes islamophobes ont explosé dans notre pays. Bien sûr, nos chers hommes politiques profitent de cette montée de l'islamophobie. Gauche et droite surfent sur le sentiment de peur des citoyens et ils emploient un discours mensonger à l'égard de L'Islam et des musulmans. Ils influencent l'opinion publique pour des raisons purement électorales et politiques.... Parce que, dans l'absence de projet politique, le seul discours c'est de faire peur et ainsi stigmatiser Le MUSULMAN .
2/ Qu'en est-il chez nos voisins européens ? Est- ce que la crise des migrants peut être une des raisons de cet affolement anti musulman ?
B. Drewski : Les voisins de la France occupent une position moins stratégique et ont une plus faible part de leur population liée à l'espace méditerranéen et africain. La question des migrants est venue à point nommé pour exacerber les tensions entre demandeurs d'emplois, pour le plus grand profit du patronat.
I. Hamrouni : La crise des migrants est réelle, mais l'affolement des européens est exagéré, d'un problème purement humain, la classe politique et les élites bourgeoises la transforment en crise identitaire et sociale et bien sûr, ça participe à l'affolement anti musulman.
3/ Après les attentats, les grandes victimes du durcissement si ce n'est de la radicalisation du plan sécuritaire français, furent les musulmans. Cette « guerre des identités »n'était-elle pas suffisante pour faire taire toute velléité anti gouvernementale? Finalement, est-ce que les musulmans font peur à la France ?
I. Hamrouni : Face à cet acte de guerre commis par des jeunes musulmans européens en plein cœur de Paris et de Bruxelles on a le droit de réagir face à cette menace terroriste d'un genre nouveau c'est à dire des combattants qui cherchent à mourir en faisant le maximum des victimes civiles au Nom de leur croyance sans aucune revendication politique, oui on a raison d'avoir peur de ce genre de musulmans car la menace est réelle et permanente. Le problème c'est comment ne pas faire l'amalgame avec l'Islam qui est une religion universelle de paix et de solidarité, les musulmans qui sont dans leur majorité pacifistes et bien intégrés dans les sociétés Européennes.
B. Drweski : Les musulmans constituent, avec d'autres segments des couches populaires, un potentiel de contestation du règne de l'exploitation, de l'usure et de la spéculation autant pour les pouvoirs arabes qu'européens et nord-américains. C'est pour cela qu'ils leur font peur. D'où les manœuvres visant à diriger d'abord les jeunes vers la «radicalisation» d'un «islam de terreur» socialement stérilisé soutenu contre des pays indépendants comme l'Algérie ou la Syrie, avant de les culpabiliser pour cette même raison.
4/ En Mars dernier, le philosophe que vous connaissez certainement, Raphaël Liogier avait averti le gouvernement français, dans le quotidien Libération, qu'«en faisant de l’islam, l’ennemi absolu, il organisait le marketing de Daech, vers qui se tournent les désaxés». Qu'en pensez-vous ?
B. Drweski : Mais il existe une alliance au moins objective entre «Daech», le néo-islamisme takfiri des pétrodollars et les intérêts des élites conservatrices occidentales depuis au moins la première guerre d'Afghanistan de 1979, ce qui s'est répété ensuite en Yougoslavie, en Algérie, en Irak, en Afghanistan, en Syrie, etc. On ne peut pas fermer les yeux d'un côté sur les takfiris quand cela arrange puis les dénoncer ensuite comme si c'était un «corps extérieur» à l'Occident mondialiste en crise.
I. Hamrouni : Il a raison, mais on doit aussi comprendre ce phénomène, ces racines, l'Islam wahhabite est une réaction à un sentiment d'abandon de la société à l'égard de ses jeunes délinquants, à ses désaxés comme vous le dites. Le phénomène salafiste est un symptôme d'une maladie qui touche la jeunesse européenne qui cherche un sens et une direction, un projet de vie anti individualiste et matérialiste.

Islam/ France: Attaques politico-médiatiques sans précédent, Pourquoi ?5/ Nous avons entendu maintes fois, auprès de nos intellectuels ou encore ministres, cette théorie du choc des civilisations, qui (pour faire court) explique tel un zoologue ou un orientaliste, que nous pouvons accepter  l'autre tout en constatant sa différence ou plutôt son infériorité. Quel intérêt représente cette théorie pour nos gouvernants?
I. Hamrouni: Le choc des civilisations ? Depuis presque deux siècles et demi nous vivons dans une seule civilisation occidentale bourgeoise et matérialiste. l'hégémonie de l'occident capitaliste aujourd'hui est le seul créateur du désordre mondial et s'il y a un choc c'est à l'intérieur même de cette civilisation qui vit son déclin depuis 1991!le monde change, la géographie change et aussi les identités, c'est ce qui fait peur aux dominants comme aux dominés.
B. Drweski : Diviser pour régner, stigmatiser et manipuler les populations potentiellement les plus marginalisées et porteuses de ferment révolutionnaire a toujours été la tactique des pouvoirs dominants en panne de projet novateur. Ce fut le cas avec les juifs européens avant 1945, c'est aujourd'hui celui des musulmans.
6/ Dans le même temps, des rapports fleurissent ci et là, le dernier en date provient de Gilles Keppel sur la Seine Saint Denis, qui avance que la montée de l'islamisation est une des causes de la crise économique et sociale en France. Et vous Messieurs, qu'en dites-vous ?
I. Hamrouni : Gilles KEPPEL l'ami proche des frères musulmans et l'un des meilleurs VRP  en France de cette confrérie qui domine la vie associative musulmane depuis une vingtaine d'années n'est, à mon humble avis ni économiste ni sociologue.
C'est d'ailleurs le contraire. Si on regarde la plupart des statistiques et des études économiques, sociales et financières on constatera que les musulmans en EUROPE contribuent pleinement à l'économie de leurs sociétés ainsi qu'à la culture, au sport et aux arts. Il n'y a pas en France d'islamisation, il y a des citoyens qui vivent suivant leurs consciences et leurs pratiques religieuses garanties par les lois de la République.
B. Drweski : Bien sûr. L'islam, par son souci de justice, a pris la place des mouvements révolutionnaires ou réformistes en crise qui existaient dans les mêmes banlieues. Il ne faut pas confondre islamisation avec sa déviance manipulée, takfiri.
7/ Ce comportement ultra agressif envers la communauté musulmane de France, alors que la diplomatie française souffre déjà d'un rejet toujours plus cinglant dans le monde arabe, ne risque-t-il pas de signer son arrêt de mort ? Si oui, pourquoi prendre un tel risque ?
B. Drwesk : La France a cessé au moins depuis les deux dernières présidences d'être un Etat souverain, donc aussi un membre de la famille méditerranéenne. Les élites qui contrôlent Paris travaillent objectivement en faveur de la puissance mondialiste d'outre-Atlantique et ses succursales. La mort de la France au sommet est déjà réalisée. Mais son peuple, je le crois, n'a pas encore dit son dernier mot.
I. Hamrouni : La politique Française depuis l'ère du Président Sarkozy a fait le choix d'être dépendante de la politique Atlantiste Américaine d'une part et d'autre part de se ranger aux côtés des pétrodollars sur le plan régional concernant le Moyen-Orient. Et puis, la politique étrangère Française est prisonnière de son lien financier avec le royaume wahhabite saoudien et le lien politique fort avec l'entité sioniste. La France peut toujours jouer un grand rôle dans la stabilité du monde arabe et empêcher le chaos.
8/ Entre une dialectique dangereuse dans laquelle s'est engouffrée notre élite politico-médiatico-intellectuelle et cette déclaration de notre Premier Ministre Manuel Valls, affirmant qu’antisionisme valait antisémitisme. Une question se pose Monsieur Drweski, n'est-ce pas symptomatique de la déliquescence sioniste (qui souhaite il faut tout de même le rappeler, la fin de l'ère islamique) ?
B. Drweski : Monsieur Valls a voulu faire oublier que pour qu'il y ait antisémitisme, il faut d'abord qu'il y ait sémitisme. Or, aujourd'hui, ce sont surtout les musulmans qui représentent l'élément dynamique du souffle sémitique qui a irrigué les convictions unicitaires, juive, chrétienne, islamique et aussi laïques. Souffle qui tend à balayer le règne de l'usure et de l'injustice sociale. D'où la nécessité de le stigmatiser, de le stériliser et de l'amener à perdre sa sève comme cela a déjà été le cas pour le christianisme, la foi mosaïque et les mouvements émancipateurs laïcs en partie égarés par le «clash des civilisations».
I. Hamrouni : Monsieur le Premier Ministre Manuel Valls lorsqu'il est venu en France en 1984 ne pensait pas pouvoir un jour espérer devenir le Président de la République Française. Depuis il a fait du chemin et comme tous ceux qui espèrent le devenir, il a choisi la voie du sionisme alors que sur sa longue route vers Matignon, le même Valls était à un moment de sa vie un supporteur de la cause Palestinienne. le sionisme à la Française n'est pas idéologique mais mercantile et opportuniste, on a des fachistes qui sont sionistes, des FN qui le sont aussi , les sionistes de France sont les pires antisémites.
9/ A quelles conséquences peut-on s'attendre de cette épidémie anti-musulmane en fusion aujourd'hui ?
B. Drweski : Soit à la guerre de tous contre tous, soit au réveil des courants mobilisateurs à la recherche d'une alternative civilisationnelle face aux dérives des pouvoirs actuels.
I. Hamrouni : Le monde change, on vit une mutation sociale qui dépasse le phénomène de l'islamophobie, il y a de vrais problèmes économiques, sociaux et identitaires, cela crée des troubles et même des tragédies sur le plan individuel et aussi collectif.
Source : French.alahednews
http://www.french.alahednews.com.lb/essaydetails.php?eid=18665&cid=323#.V0NEuPmLTX4