dimanche 17 avril 2016

SYRIE. La bataille d'Alep commence. Erdogan se prend une nouvelle baffe

Le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, que l'on a connu moins intelligent, a déclaré que les Etats-Unis s'opposent à une zone d'exclusion aérienne en Syrie, dernier espoir d'Erdogan pour sauver ce qu'il peut du fiasco syrien et empêcher la constitution d'un Rojava kurde sur sa frontière : "La mise en place d'une zone d'exclusion aérienne ne nous rapproche pas du règlement de ces problèmes. En réalité, cette zone ne ferait que diviser la Syrie. Les Etats-Unis et d'autres pays qui se penchent sur les problèmes syriens se fixent pour but de conserver les frontières actuelles de cet Etat, même s'il subit aujourd'hui tant de bouleversements"
La mise au point est claire et destinée autant au sultan qu'à ses obligés européens qui, en bons Munichois, s'alignent de plus en plus sur Ankara (ah le chantage aux réfugiés...)
Les dernières débilités en date de la part des eurocrates laissent rêveurs : la pathétique Merkel accepte la demande turque de poursuivre en justice le comédien auteur de la chanson parodique sur le sultan, Mogherini est "préoccupée" par la nouvelle offensive du régime sur Alep (oubliant allègrement que c'est Al Nosra qui a rompu la trêve). Le Vieux continent est-il jamais tombé aussi bas ?
La bataille d'Alep commence, Erdogan se prend une nouvelle baffeUne partie de la direction états-unienne (administration, armée) semble s'être rangée peu ou prou à la position russe tandis que l'autre partie (CIA) continue sa politique de gribouille.
Sur le terrain, Daech fait preuve d'une étonnante résilience ces deux derniers jours, reprenant une partie du terrain perdu au nord d'Alep face au nouveau binôme à la mode (Al Qaeda+artillerie turque), et capturant quelques villages au sud-est de la ville sur les forces loyalistes afin de couper l'axe Homs-Alep.
Mais la grande nouvelle est le début de la bataille d'Alep.
Elle était imminente lorsque nous avons publié notre dernier billet ; nous y sommes. Et d'entrée, les loyalistes ont frappé un grand coup, coupant une route d'approvisionnement cruciale et, surtout, réussissant presque à encercler entièrement les "terroristes modérés" de la ville.
La bataille d'Alep commence, Erdogan se prend une nouvelle baffe
On le voit sur la carte, les fermes al-Mallah ont été prises. Et comme de l'autre côté, les YPG kurdes, maintenant alliés à Damas grâce au patronage de Poutine, ont vaillamment défendu toute la semaine le district Sheikh Maqsoud face aux copains de Fabius (Al Nosra) et aux attaques chimiques de Jaysh al-Islam, l'étau se resserre dangereusement autour des djihadistes d'Alep. Encore quelques kilomètres et l'encerclement sera total. On comprend mieux que Mogherini pleure à chaudes larmes...
La nouvelle visite à Moscou de l'Arsène Lupin du Moyen-Orient, le fameux général iranien Soleimani, n'a sans doute pas pour but de parler de la pluie et du beau temps ni des premiers S-300 qui ont été livrés, Russes et Iraniens préparent déjà la suite. Conduite à suivre après l'encerclement d'Alep ? Poussée vers Raqqah ? En attendant, les forces aériennes russes ont méchamment pilonné Daech, notamment sur l'aéroport stratégique de Tabaqa
Ça bouge d'ailleurs partout. Notons sur l'agenda des prochains jours une probable offensive des YPG sur Jarablous avec le soutien aérien de la coalition US (nouvelle gifle à Erdogan qui avait juré ses grands dieux que jamais les Kurdes ne dépasseraient l'Euphrate). Et aussi un nouveau voyage de Bibi la terreur à Moscou. Décidément, Tel-Aviv a les yeux de Chimène pour Vladimirovitch ; on se souvient du président Rivlin qui avait annulé au dernier moment un voyage en Australie, humiliant Canberra, pour se précipiter au Kremlin. Trois visites d'Etat en six mois ; c'est du rarement (jamais ?) vu dans l'histoire d'Israël...

 Rédigé par Observatus geopoliticus