samedi 16 avril 2016

RUSSIE / USA. La passion du Su-24 pour le USS Cook


Cela se passait il y a quasiment deux ans, – comme quoi les passions ont aussi leurs exigences chronologiques, un peu comme les anniversaires un an sur deux. Bref, dans la deuxième moitié du mois d’avril 2014 l’on eut l’écho d’une rencontre inhabituelle, en Mer Noire, entre un (ou deux ?) Su-24 russe(s) et la frégate équipée du système AEGIS USS Donald Cook, de l’US Navy. Cette rencontre donna lieu quelques jours plus tard à des supputations extrêmement élaborées sur son caractère, notamment selon l’hypothèse que le Su-24 avait en fait réalisé une démonstration de l’efficacité de ses systèmes de guerre électroniques en “aveuglant” le USS Donald Cooka au point de provoquer des troubles notables dans le chef de l’équilibre psychologique de l’équipage [1].

« ... Puis est apparue une information selon laquelle le Su-24 a en fait effectué une véritable démonstration technologique “opérationnelle” d’un système de guerre électronique de brouillage qui aurait complètement aveuglé le système AEGIS du Donald Cook, le puissant système électronique de défense aérienne, à capacités anti-avions et antimissiles, qui forme l’essentiel de la défense anti-aérienne de la flotte des USA. (Le système AEGIS est encore plus important que cela. Il forme aussi une part très importante du grand réseau de missiles antimissiles que les USA développent depuis plusieurs années, officiellement contre l’Iran, mais opérationnellement avec des capacités évidentes contre la Russie. Cela situe l’importance non seulement militaire mais politique d’AEGIS.) Le système russe employé est désigné comme le Khibiny. Après l’incident, le USS Donald Cook a relâché dans un port roumain semble-t-il pour des réparations, et la nouvelle affirme que 27 membres de l’équipage ont démissionné. La nouvelle a été diffusée le 21 avril 2014 par une radio russe à destination de l’Inde, sur son site Indian.ruvr.ru. »
... Deux ans plus tard, donc, on retrouve la même unité, le USS Donald Cook, mais cette fois à géographie complètement renversée, passant du Sud au Nord, de la Mer Noire à la Mer Baltique. Cette fois, les mêmes avions de type Su-24 ne viennent pas de Sébastopol mais de Kaliningrad. Ils ne sont pas seuls, il y a aussi un hélicoptère Ka-27, et ce que nous nommons d’une façon symbolique “l’incident” comprend en fait une série d’incidents les 11 et 12 avril, de la part d’aéronefs russes venant de la région de la ville de Kaliningrad, anciennement Königsberg, dans l’enclave russe du même nom. Le(s) unité(s) US (sans doute avec des éléments polonais) opéraient à peu près à 200 kilomètres au large de Kaliningrad, lors de ce qui paraît être des manœuvres combinées de l’OTAN. Le moins qu’on puisse dire, à voir certaines photos de l’US Navy montrant un Su-24 passant à moins de 10 mètres du pont de la frégate US, c’est que les pilotes russes ne prennent plus de gants. Vidéo

Who was really playing "simulated attack"?
Base russe de Kaliningrad : Qui provoque qui ?
Il y a eu de nombreuses exclamations effarées et furieuses de la part des divers porte-paroles US. RT-français présente sommairement et dans ses très grandes lignes l’incident : « Washington s'est offusqué du vol d'un SU-24 russe à proximité du destroyer américain Donald Cook, qui effectuait des exercices militaires en eaux internationales en mer Baltique, avec un allié de l'OTAN, la Pologne. Publiant la vidéo d’avions russes passant à proximité de son navire de guerre, la marine américaine a déclaré avoir fait face à plusieurs “manœuvres de vol agressives”, dont certaines à moins de 10 mètres, lundi et mardi.
» Le destroyer américain se trouvait dans les eaux internationales, à une centaine de kilomètres au large de la base navale russe de Kaliningrad, où il effectuait des manœuvres militaires. Selon le témoignage d’un officiel américain au site d’information militaire Defense News, les engins russes ont été identifiés comme un bombardier SU-24 et un hélicoptère. Ceux-ci auraient volé à basse altitude, causant ainsi l’effroi des membres de la Navy. Comme l’ont toutefois constaté des membres du personnel du navire US, “aucun armement qui aurait pu représenter une menace pour les opérations américaines en mer Baltique n’était présent” sur les appareils. »
La relation de l’incident que donne RT.News (anglais) est beaucoup plus détaillée et ne dissimule aucun des aspects de la réaction US. Bien entendu, les médias US sont très diserts à propos de cet incident (de cette série d’incidents), qui est en général considéré comme un acte de provocation délibéré et ressenti d’une façon très sérieuse, voire dramatique. D’une façon générale, les autorités US étudient les circonstances de l’incident (des incidents) pour décider s’il constitue une violation d’un traité datant de 1973 entre les USA et l’URSS. (Ce traité a pour but d’éviter les incidents en mer, entre les deux marines militaires, et notamment avec l’interdiction des “simulation d’attaques aériennes”.)
On trouve notamment un article très détaillé dans Defense News le 13 avril, qui développe d’autres circonstances dans les deux jours concernés (interventions d’un couple Su-24 avec un hélicoptère Kamov Ka-27 Helix, l’arrêt des évolutions d’un hélicoptère polonais de crainte d’un incident aérien, etc.)
Il y a donc une différence très importante entre l’incident d’avril 2014 et celui d’avril 2016. Entretemps, un autre incident avec les mêmes protagonistes (Su-24 et frégate de l’US Navy) avait eu lieu le 30 mai 2015, avec la frégate USS Ross. Les deux incidents de 2014 et 2015, tous deux en Mer Noire, sont très similaires : il s’agit d’incidents de démonstration opérationnelle et, éventuellement, d’intimidation de la part des Russes, pour convaincre les USA de retirer leurs unités jugées par les Russes un  peu trop proches de la zone Ukraine-Russie où la crise ukrainienne était en plein développement. (Il semble, dans les deux cas, qu’il y ait eu effectivement repli US et, dans les deux cas, le côté américaniste chercha essentiellement à minimiser les incidents, notamment celui du 30 mai 2015 avec le USS Ross, pour ne pas donner l’impression éventuelle de céder aux Russes.)

Cette fois, les circonstances sont très différentes. Il n’y a pas de crise active en cours dans la zone et donc pas de circonstances opérationnelles actives comme il y avait en 2014 et 2015 avec la crise ukrainienne ; il y a des manœuvres otaniennes, ou dans un cadre otanien, au large de Kaliningrad, soit une opération de démonstration de force relevant plutôt de la communication. L’intervention russe relève dans ce cas, également, de la communication, consistant à montrer à la fois la vigilance et la puissance russes dans la surveillance et la veille autour de l’enclave de Kaliningrad. Il y a aussi un mécontentement russe devant des manœuvres de l’OTAN ou des évolutions de l’US Navy qui se déroulent face à un territoire russe. Cette fois, les autorités US ne cherchent absolument pas à minimiser l’affaire, au contraire ils ont tendance à la dramatiser. Ce n’est pas une surprise puisque nous sommes dans le domaine de la communication, donc de la gesticulation de part et d’autre. Les Russes, eux, semblent rester extrêmement calmes et ne présentent (jusqu’ici) aucun signe indiquant qu’ils regrettent l’incident, ou qu’ils l’attribuent à une “erreur”, etc. Le porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov a, comme commentaire, simplement rappelé que l’aviation russe « respectait entièrement les règles internationales de l’usage de l’espace aérienne au-dessus des eaux neutres [internationales] ».
On en reste donc à ce qui a été montré et le constat qu’on peut faire est bien celui que les Russes entendent bien se montrer effectivement d’une façon agressive, dans tous les cas du point de vue de la communication. Pour eux, le fait même des évolutions de l’US Navy à si faible distance des côtes russes représentent une forme de “provocation”. Quoi qu’il en soit, le comportement russe montre une volonté d’affirmer la puissance militaire de la Russie, y compris dans ces circonstances qui sont désormais assez courantes du point de vue de l’OTAN. « Il y a dix ans, peut-être l’OTAN, ou dans tous les cas l’US Navy, n’aurait-elle pas fait cela, les manœuvres qu’elle fait actuellement dans cette région précisément, observait ce matin une source européenne, mais il est en revanche absolument certain que les Russes, il y a dix ans, n’auraient jamais ‘riposté’ de cette façon si affirmée, presque agressive. »
A ce point et en tenant compte de ce qu’on sait de cet incident, les observations d’ordre politique sont inutiles tant on connaît bien les positions des uns et des autres, d’où elles viennent, les responsabilités, etc. Le point essentiel à retenir est bien ce comportement des forces armées russes, qui semble constituer, lui, un signal politique, ou politico-militaire, qui est d’une essence différente des précédents incidents qu’on a détaillés et dont la finalité était essentiellement une démonstration opérationnelle.
Il s’agit d’une réaffirmation de la puissance russe, de la souveraineté russe, et donc un avertissement à l’intention des USA, de l’OTAN, du bloc-BAO. 
Bien entendu, il devrait être interprété, dans le bloc-BAO, comme un nouveau signe de la duplicité et des tendances bellicistes, selon les habituels standards de narrative dans ce cas, mais il s’agit bel et bien, considéré objectivement, de la démonstration des limites de la patience russe vis-à-vis des évolutions du bloc-BAO à l’encontre de la Russie. 
Les Russes font savoir, sans énervement ni intention quelconque, qu’ils sont prêts à affronter toutes les situations.

http://www.dedefensa.org/article/la-passion-du-su-24-pour-le-uss-cook

[1] Technologie Magrav. Encore un navire de guerre américain "détruit" par les Russes
Le péril jaune... heu non... rouge... non plus... russe !

L'OTAN S'INQUIETE DE L’ÉVOLUTION PERFORMANTE DES SOUS-MARINS RUSSES

Le sous-marin nucléaire russe Alexandre Nevski
Les sous-marins russes devenant de plus en plus performants par leurs caractéristiques techniques et leur armement, les projets de l'Otan de réduire le financement de sa Marine suscitent une préoccupation grandissante, selon l'amiral Mark Ferguson.

Moscou met au point des sous-marins qui sont de plus en plus difficiles à repérer et à surveiller pour la Marine américaine, a déclaré Mark Freguson, commandant en chef de la Marine américaine en Europe, dans une interview accordée à la chaîne télévisée CNN.
"Les sous-marins que nous observons sont beaucoup plus furtifs. Nous voyons que les Russes disposent de systèmes d'armes, de missiles de plus en plus perfectionnés qui sont capables de réaliser des frappes au sol à grande distance. Nous voyons également que leur niveau de préparation augmente au fur et à mesure qu'ils sont déployés dans des régions de plus en plus éloignées de leurs eaux territoriales", a indiqué l'amiral.

Un sous-marin russe tire des missiles Kalibr contre Daech depuis la Méditerranée

Classe Akoula: les sous-marins nucléaires bientôt dotés de missiles de croisière Kalibr


Selon lui, Moscou voit une menace dans l'expansion de l'Otan vers l'est et aspire à empêcher les États-Unis et leurs alliés d'agir dans les régions des anciennes républiques de l'Union soviétique.
Suite à l'évolution des sous-marins russes, les États-Unis et leurs alliés à l'Otan lancent un nouveau programme d'exercices anti-sous-marins et déploient de nouveaux armements, dont des avions de lutte anti-sous-marine P-8 Poseidon, a ajouté le militaire.
Actuellement, l'Otan dispose de 53 sous-marins, mais comme un certain nombre d'entre eux sont devenus obsolètes et vu les coupes budgétaires, ils seront au nombre de 41 d'ici 2020.