samedi 9 janvier 2016

Arrêt des bombardements occidentaux en Syrie

Des médias britanniques confirment que la campagne aérienne britannique en Syrie est complètement arrêtée, clouée au sol. Des médias étasuniens confirment que la campagne aérienne US dans le nord de la Syrie a cessé à la suite du déploiement de missiles antiaériens russes. Quant à la campagne de bombardements français, elle a été plus que symbolique et était destinée à l'opinion publique française.
J’ai écrit il y a quelques semaines un article disant que tout le ramdam fait en Grande-Bretagne à propos de la décision du régime Cameron de bombarder la Syrie était inutile, puisque du point de vue militaire, la contribution britannique à la guerre syrienne serait inapplicable. La suite des événements a pleinement confirmé cela.
L’engagement militaire britannique en Syrie a consisté en tout à trois missions de bombardements, toutes dans les cinq jours après l’approbation du Parlement. Il semble que guère plus de 19 bombes n’aient été larguées au total, moins qu’une seule frappe de TU22M russe. Même cela minimise probablement l’importance de la différence, puisque le TU22M peut transporter des bombes bien plus lourdes qu’un bombardier britannique Tornado.
Toutes les bombes ont été larguées sur une seule installation, le champ pétrolifère Omar, qui avait déjà été bombardé un mois avant par les USA.
Un article du Daily Telegraph révèle l’ampleur du fiasco, et confirme qu’il n’y a eu aucun bombardement britannique en Syrie depuis le 6 décembre à 2015.
Incidemment, le fait que les Britanniques ont fait leurs trois frappes sur le gisement pétrolifère Omar, signifie qu’aucun avion britannique n’a pu procéder au raid de bombardement sur la base aérienne syrienne de Deir az Zor.
Le régime britannique n’a pas indiqué la raison de l’absence de toute frappe sérieuse sur l’État islamique en Syrie depuis le début théorique de sa campagne de bombardement. La vérité est qu’étant donné à quel point l’armée britannique – et française et allemande – est éclipsée par celles des USA et de la Russie, toute contribution britannique a toujours été symbolique. Toutefois, l’ampleur tout bonnement pathétique du bombardement britannique, suggère qu’il y ait autre chose qui l’explique.
L’article du Daily Telegraph confirme que ce n’est pas seulement le bombardement britannique en Syrie qui est quasiment arrêté, cloué au sol. Il dit qu’entre le 1er et le 22 décembre 2015, la coalition US a effectué seulement 148 frappes aériennes en Syrie.
Comparez cela aux 164 sorties de combat réalisées par les Russes en juste trois jours, entre le 25 et le 28 décembre 2015, et aux plus de 5200 sorties de combat que les Russes ont effectuées depuis le début de leur campagne de bombardement en Syrie, le 30 septembre 2015.
Le Daily Telegraph affirme que l’absence de sorties pour bombarder des USA et de leurs alliés en Syrie, est due à leur souci d’éviter les pertes civiles, et à cause du manque d’objectifs.
Malgré les démentis prévisibles, l’explication la plus probable est la formidable augmentation de la puissance des défenses antiaériennes russes et syriennes depuis l’attentat turc contre le Su-24 en novembre.
Non seulement les Russes ont déployé le système de missiles antiaérien S400 en Syrie, mais il semble que les Russes aient fourni à l’armée syrienne des systèmes de missiles BUK antiaériens perfectionnés, améliorant considérablement les propres défenses aériennes de la Syrie.
Il est probable que des « conseillers » russes « aident » les Syriens à mettre en œuvre ces systèmes. Un article de Bloomberg sous-entend que les systèmes BUK (« SAM-17 » d’après la désignation de l’OTAN) sont mis en œuvre par les Russes.
Bloomberg dit que les bombardiers des raids US en Syrie ont été accrochés par les faisceaux des radars associés au système BUK, à la suite de quoi les USA ont complètement arrêté leurs bombardements dans une partie du nord de la Syrie. Si c’est le cas, cela pourrait expliquer pourquoi les Britanniques se sont aussi arrêtés de bombarder.
Étant donné l’embarras politique qu’auraient les Britanniques – et les Étasuniens – à admettre que la présence russe en Syrie les empêche de bombarder en Syrie, il est compréhensible que les représentants étasuniens consultés par le Daily Telegraph ne mentionnent pas cette histoire de radars, et en arrivent à la place à l’excuse plutôt boiteuse du manque d’objectifs.
Quelle que soit la véritable raison de l’avortement de la campagne de bombardement britannique – et étasunienne –, il est désormais plus évident que jamais que les seuls à combattre vraiment l’État islamique et les divers autres groupes djihadistes terroristes en Syrie, sont les Russes, les Syriens, leurs alliés. Et personne d’autre.
Russia Insider, Daniel Fielding
Original : russia-insider.com/en/military/russia-deploys-anti-aircraft-missiles-syria-us-bombing-fades-british-bombing-stops/ri12068
Traduction Petrus Lombard

VOIR AUSSI :

Diagnostic américain sur l’intervention russe en Syrie : objectifs atteints

En 2015, Moscou dit « stop » à Washington.