lundi 23 novembre 2015

Conflit syrien. Le jeu trouble de la Turquie agace Pékin

Très discrète depuis le début de la crise puis du conflit syrien, la République populaire de Chine pourrait bien envisager une intervention militaire au même titre que la Russie, au vu de la politique ambiguë de la Turquie, notamment via la collaboration turco-ouïghours de plus en plus active en Syrie.
Jeunes ouïgours brandissant le drapeau du Turkestan lors d'une manifestation à Istanbul
Jeunes Ouighours manifestant
à Ankara
Les Ouïghours constituent une minorité turcophone principalement sunnite se situant dans les ex-républiques soviétiques d’Asie centrale et notamment en Chine dans laquelle ils sont officiellement reconnus comme une minorité nationale. Sujets à de nombreuses répressions par Pékin, les ouïghours constituent une menace déstabilisatrice pour le pouvoir central du fait de leur volonté indépendantiste dans le Turkestan chinois. Cette répression mêlée au conflit syrien exacerbe les velléités djihadistes de ce groupe minoritaire formant une nouvelle menace terroriste au sein de l’Asie centrale. Le message djihadiste a toujours séduit ce groupe minoritaire sunnite qui se voit imposer les lois d’un pays plutôt que l’application rigoriste de la Charia.
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Pays Oïghour : zone bleu-ciel
Le jeu trouble de la Turquie, depuis le début de la guerre civile syrienne, révélé par de nombreux observateurs de terrain, consiste à aider militairement, logistiquement et médicalement des groupes minoritaires musulmans d’Asie centrale qui rejoignent la rébellion syrienne, qu’elle soit modérée ou islamiste, sous couvert de combattre l’EI, mais en réalité l’armée de Bachar Al-Assad. Dans sa dérive autoritaire, Erdogan semble vouloir reconstituer une influence néo-ottomane dans la région en utilisant ces groupes (les Tatars de Crimée, les Ouïghours, voire les Tchétchènes) turcophones, à court et moyen terme comme pare-feu d’une extension du confit syrien en Turquie. La porosité de la frontière turco-syrienne a permis à de nombreux djihadistes de faire des « allers-retours » entre les zones de combat et la Turquie laquelle semble constituer, avec eux, un substitut de son armée dans sa volonté d’intervenir au sol. En outre, cette immixtion en Syrie a permis à Ankara d’initier un grand mouvement de peuplement, au Nord-Ouest de la Syrie, de combattants d’Asie centrale, dont les Ouïghours.
L’observatoire du Moyen-Orient parle d’une véritable « ouïghourisation » de la région dans la province d’Idlib devenant même majoritaire dans certain village, tel que Zanbaq. Cette collaboration turco-ouïghours révèle également un véritable trafic de faux passeports de différents pays d’Asie permettant à quelques 50 000 Ouïghours d’investir la Syrie en passant par la Turquie sans être inquiétés. Ce véritable trafic au sein de l’Asie laisse planer des doutes quant aux auteurs de l’attentat qui a été commis en août dernier à Bangkok. En effet, les médias thaïlandais n’hésitent pas à évoquer la piste ouïghour, en se basant sur le fait que l’auteur, Yusufu Mieraili, voyageait en compagnie d’un passeport chinois avec comme lieu de naissance Xinjiang, vaste région occidentale de la Chine où vit cette communauté musulmane.

L’équation ouïghour en Syrie et les accointances des autorités turques avec ces groupes armés, laisse la Chine pantoise et gèle fortement les relations sino-turques. 

Cela pourrait même accélérer les intentions d’intervention de la Chine au même titre que la Russie, comme le laisse imaginer de plus en plus d’analystes. Un porte-avion chinois aurait, effectivement, été repéré, fin septembre, aux alentours de Tartous, comme l’affirme un militaire syrien haut placé, ce qu’a démenti Pékin. Au vu du très grand nombre de djihadistes présents dans la région, la Chine pourrait bien, par l’entremise de l’Organisation de Coopération de Shanghai, intervenir militairement afin de maintenir la sécurité et la stabilité de la région. Le double jeu turc dans le conflit syrien pourrait donc être la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour la République Populaire de Chine et transformerait indéniablement le conflit syrien en un conflit mondial au vu des acteurs impliqués.

Par Pierre MALARD, le

Un député turc a révélé qu'Ankara a fourni du gaz Sarin toxique et mortel à des miliciens syriens, soutenus par des forces étrangère.
"Les groupes terroristes en Syrie ont reçu du gaz Sarin d'Ankara," a déclaré mardi, Barish Arkadash, membre du Parti républicain du peuple (CHP).
Il a souligné que les enquêtes menées par l'ONU en Syrie prouvent que l'Etat islamique (EI) dispose de gaz sarin, et a déclaré : "Nous allons aussi prouver bientôt que l'EI a reçu le gaz (toxique) de la Turquie et nous allons également prouver que certaines sections du gouvernement turc et peut-être certaines entreprises privées spéciales ont été impliquées dans ce grand crime".
Arkadash a également appelé le président turc Recep Tayyip Erdogan à démissionner de son poste dès qu'il sera prouvé qu'Ankara a fourni du gaz Sarin mortel aux terroristes en Syrie.
Le 21 août 2013, des groupes terroristes ont utilisé du gaz Sarin et ont lancé des attaques chimiques sur la Ghouta orientale dans la campagne de Damas entraînant la mort d'un grand nombre de civils, dont des femmes et des enfants.
Le Sarin est un liquide incolore et inodore, utilisé comme arme chimique en raison de sa puissance extrême comme agent neurotoxique. Il a été classé comme arme de destruction massive.
À la fin de 2014, le journaliste d'investigation étatsunien Seymour Hersh avait déclaré que la Turquie était derrière l'attaque au gaz Sarin de 2013 menée par des insurgés soutenus par des forces étrangères en Syrie.
Dans un rapport publié dans la London Review of Books, selon Hersh, la Turquie a organisé l'attaque au gaz pour que les États-Unis lancent une guerre contre la Syrie.
Selon le rapport, plus de dix membres du Front Al-Nosra ont été arrêtés en mai 2013 dans le sud de la Turquie avec "deux kilogrammes de Sarin". Mais dans une conférence de presse durant l'été 2013, l'ambassadeur de Turquie à Moscou, Aydin Sezgin, a rejeté ces allégations et a déclaré aux journalistes que le "Sarin" récupéré était simplement de "l'anti-gel".
Hersh cite un ancien responsable important du renseignement étasunien, qui a accès à des renseignements actuels, aurait déclaré "Nous savions qu'il y avait des personnes (impliquées) au sein du gouvernement turc,". L'officiel étasunien pensait "qu'ils pourraient défaire le président syrien Bachar el-Assad au travers d'une attaque au Sarin sous fausse bannière afin de forcer Obama" à intervenir en Syrie. La Russie a déjoué la manœuvre à temps.