dimanche 18 janvier 2015

CHARLIE HEBDO tue. Niger: 10 morts, 45 blessés, 13 églises brûlées


charlieLe gouvernement nigérien a interdit la diffusion du dernier Charlie Hebdo. Le président nigérien Mahamadou Issoufou, l’homme qui a livré sous injonction de la France et de la Libye un des fils Kadhafi, Saadi, était de la marche républicaine de Paris. Droit à la caricature ? Oui. Droit au blasphème ? Oui, mais, ne pas s’attaquer aux autres religions que la sienne ou celle de ses parents. « Je Suis Charlie » est devenu la nouvelle religion inviolable alors que, Charlie, lui, viole tout et…tue.
Avec tout le fric qu’ils se sont fait (7 millions d’exemplaires vendus), ils peuvent vivre 3 ans, sans caricaturer Mohammed, les seules UNE qui leur apportaient du…fric. Environ 300 chrétiens sont actuellement sous protection militaire à Zinder, deuxième ville du Niger, où de violentes manifestations contre la caricature de Mahommed en Une de Charlie Hebdo ont fait à ce jour 10 morts et 45 blessés.

Oui, Charlie tue !

Ce ne sont donc pas seulement les croqueurs de Charlie qui sont tués, mais Charlie tue aussi. Oui, ce sont des actes insensés, actes de petits fous qui confondent tout. 255 chrétiens étaient recensés samedi dans une caserne, a indiqué cette source sécuritaire occidentale. Environ 70 autres, une cinquantaine d’adultes et une vingtaine d’enfants, étaient par ailleurs retranchés dans une église évangélique, protégés par une centaine de gendarmes et de policiers.Ceux-ci encerclent ce bâtiment qui, contrairement aux autres églises de Zinder, n’a pas été détruit car il est très proche d’une gendarmerie, ont indiqué ces témoins. Vendredi, « les gendarmes ont lutté pendant 3 heures contre des manifestants qui chargeaient, et qu’ils ont repoussé avec des gaz lacrymogènes », a raconté l’un d’entre eux, cadre du ministère de la Santé.
« Ils étaient décidés à brûler toutes les églises. Il ne reste que la nôtre », où « nous mangeons ensemble, dormons ensemble et cotisons pour nous acheter de la nourriture », a poursuivi ce père de trois enfants. « Les gens qui ont fait ça ne sont pas des gens du quartier » mais ils ont eu recours à des ‘traîtres’ du voisinage », a affirmé Innocent, employé d’une ONG. Un folie quand la priorité pour la vie des Nigériens est ailleurs. Quel est l’intérêt de tuer des innocents, qui ne sont pas forcément Charlie ? A Niamey, une jeune barmaid a été brûlée vive, dans le bar qu’elle tenait. Pourquoi ?
« Hier, j’ai eu très peur. Ils sont venus chez nous, ils ont voulu nous tuer », a témoigné Innocent, pour qui les 600 à 700 chrétiens de Zinder avaient jusque là « de très bons rapports » avec les musulmans. Les manifestations anti-Charlie Hebdo ont fait 5 morts et 45 blessés vendredi à Zinder, ancienne capitale du Niger, où le Centre culturel franco-nigérien a été brûlé et au moins treize églises saccagées dans le pays, sans compter les débits de boissons. Le décompte des églises: 6 à Zinder, et 7 à Niamey, la capitale, mais aussi à Agadez dont le bilan n’est pas connu…
Allain Jules


Source : http://allainjules.com/

Sans grande surprise - Charlie Hebdo encule tout le monde finalement...Surtout la masse de veaux (dixit le Général) qui prend des vessies pour des lanternes.

"le principe de la liberté d'expression constitue un des fondements de la République. [...] J'appelle donc chacun au plus grand esprit de responsabilité, de respect et de mesure pour éviter tout ce qui peut blesser les convictions d'autrui. [...] Je condamne toutes les provocations manifestes, susceptibles d'attiser dangereusement les passions." [Jacques Chirac, 08/02/2006]

Charlie à tout prix ?, par Frédéric Lordon

by Les-crises.fr DT 
On peut sans la moindre contradiction avoir été accablé par la tragédie humaine et n’avoir pas varié quant à l’avis que ce journal nous inspirait – pour ma part il était un objet de violent désaccord politique. Si, comme il était assez logique de l’entendre, « Je suis Charlie » était une injonction à s’assimiler au journal Charlie, cette injonction-là m’était impossible. Je ne suis pas Charlie, et je ne pouvais pas l’être, à aucun moment.
Je le pouvais d’autant moins que cette formule a aussi fonctionné comme une sommation. Et nous avons en quelques heures basculé dans un régime de commandement inséparablement émotionnel et politique. Dès ses premiers moments, la diffusion comme traînée de poudre du « Je suis Charlie » a fait irrésistiblement penser au « Nous sommes tous américains » du journal Le Monde du 12 septembre 2001. Il n’a pas fallu une demi-journée pour que cette réminiscence se confirme, et c’est Libération qui s’est chargé de faire passer le mot d’ordre à la première personne du pluriel : « Nous sommes tous Charlie » — bienvenue dans le monde de l’unanimité décrétée, et malheur aux réfractaires. Et puis surtout célébrons la liberté de penser sous l’écrasement de tout dissensus, en mélangeant subrepticement l’émotion de la tragédie et l’adhésion politique implicite à une ligne éditoriale. Ceci d’ailleurs au point de faire à la presse anglo-saxonne le procès de se montrer hypocrite et insuffisamment solidaire (obéissante) quand elle refuse de republier les caricatures. Il fallait donc traverser au moins une mer pour avoir quelque chance de retrouver des têtes froides, et entendre cet argument normalement élémentaire que défendre la liberté d’expression n’implique pas d’endosser les expressions de ceux dont on défend la liberté.
Mais cette unanimité sous injonction était surtout bien faite pour que s’y engouffrent toutes sortes de récupérateurs. Les médias d’abord, dont on pouvait être sûr que, dans un réflexe opportuniste somme toute très semblable à celui des pouvoirs politiques dont ils partagent le discrédit, ils ne manqueraient pas pareille occasion de s’envelopper dans la « liberté de la presse », cet asile de leur turpitude. A l’image par exemple de Libération, qui organise avec une publicité aussi ostentatoire que possible l’hébergement de Charlie Hebdo. Libération, ce rafiot, vendu à tous les pouvoirs temporels, auto-institué dernière demeure de la liberté d’expression ! — peut-être en tous les sens du terme d’ailleurs. Et combien de la même farine derrière Libé pour faire de la surenchère dans le Charlisme ?
« Si cet homme qui, dit-on, riait de tout revenait en ce siècle, il mourrait de rire assurément », écrit Spinoza dans une de ses lettres. Et c’est vrai qu’il y a de quoi rire longtemps à voir ainsi les organes de la soumission à l’ordre social entonner avec autant de sincérité l’air de l’anticonformisme et de la subversion radicale. Rire longtemps... enfin pas trop quand même, car il faudra bien songer un jour à sortir de cette imposture.
Ce sera sans l’aide du pouvoir politique, qui n’a jamais intérêt au dessillement, et à qui l’union nationale a toujours été la plus fidèle des ressources. Union nationale, et même internationale en l’occurrence, dont une version carabinée nous aura été administrée. Fallait-il qu’elle soit incoercible la pulsion récupératrice de François Hollande de se faire reluire à la tête de Paris « capitale du monde » pour convier, de proche en proche, jusqu’à Orban, Porochenko, et puis Netanyahu, Lieberman, etc. de hautes figures morales, connues pour se partager entre défenseurs de la liberté de la presse et amis du dialogue interconfessionnel [1].
Par bonheur, il s’est déjà trouvé suffisamment de voix pour s’inquiéter des usages, ou plutôt des mésusages, que ce pouvoir ne manquera pas de faire d’une mobilisation de masse qu’il s’empressera de considérer comme un mandat.
Espérons qu’il s’en trouvera également pour recommander à quelques éditorialistes un court séjour en cellule de dégrisement, et pour leur apporter le café salé. Dans la concurrence pour être à la hauteur de l’Histoire, et même – pente aussi fatale que grotesque de l’information en continu – pour être les premiers à « annoncer » l’Histoire, il était logique que tous criassent à l’Histoire et à l’Historique à propos de la manifestation d’hier. S’il est permis d’en rire, on dira que, historique, elle l’a sans doute été sous quelque rapport, au moins pour être la première du genre où le comptage de la police avait une chance d’être supérieur à celui des organisateurs. On ne sache pas cependant qu’il soit resté grand-chose des manifestations monstres de Carpentras et du 1er mai 2002, effusions collectives qui avaient déjà hystérisé le commentariat, mais dont on doit bien reconnaître que la productivité politique aura été rigoureusement nulle.
On aimerait beaucoup qu’il en aille autrement cette fois-ci, mais on ne peut pas s’empêcher de poser en toute généralité la question de savoir s’il n’y a pas un effet de substitution entre le degré de l’unanimité et sa teneur politique possible. Par construction, arasant toute la conflictualité qui est la matière même de la politique, la masse unie est tendanciellement a-politique. Ou alors, c’est que c’est la Révolution – mais il n’est pas certain que nous soyons dans ce cas de figure…
Il y aurait enfin matière à questionner la réalité de l’« union nationale » qu’on célèbre en tous sens. Tout porte à croire que le cortège parisien, si immense qu’il ait été, s’est montré d’une remarquable homogénéité sociologique : blanc, urbain, éduqué. C’est que le nombre brut n’est pas en soi un indicateur de représentativité : il suffit que soit exceptionnellement élevé le taux de mobilisation d’un certain sous-ensemble de la population pour produire un résultat pareil.
Alors « union nationale » ? « Peuple en marche » ? « France debout » ? Il s’agirait peut-être d’y regarder à deux fois, et notamment pour savoir si cette manière de clamer la résolution du problème par la levée en masse n’est pas une manière spécialement insidieuse de reconduire le problème, ou d’en faire la dénégation. A l’image des dominants, toujours portés à prendre leur particularité pour de l’universel, et à croire que leur être au monde social épuise tout ce qu’il y a à dire sur le monde social, il se pourrait que les cortèges d’hier aient surtout vu la bourgeoisie éduquée contempler ses propres puissances et s’abandonner au ravissement d’elle-même. Il n’est pas certain cependant que ceci fasse un « pays », ou même un « peuple », comme nous pourrions avoir bientôt l’occasion de nous en ressouvenir.
Il y a une façon aveuglée de s’extasier de l’histoire imaginaire qui est le plus sûr moyen de laisser échapper l’histoire réelle — celle qui s’accomplit hors de toute fantasmagorie, et le plus souvent dans notre dos. Or, l’histoire réelle qui s’annonce a vraiment une sale gueule. Si nous voulons avoir quelque chance de nous la réapproprier, passé le temps du deuil, il faudra songer à sortir de l’hébétude et à refaire de la politique. Mais pour de bon.
Notes
[1] Lire Alain Gresh, « D’étranges défenseurs de la liberté de la presse à la manifestation pour “Charlie Hebdo” », Nouvelles d’Orient, 12 janvier 2015.